mercredi, mars 21, 2007

Taste Monde - passez votre chemin






Un service à rendre aux lecteurs de ce blog : déconseiller formellement la fréquentation d'une boutique cave à vins à Paris, le Taste Monde (8 rue de Surène 75008 Paris).
Le concept est séduisant et a tout pour me réjouir : mettre en avant la passionnante diversité des vins étrangers dans un restaurant ouvert aux influences du monde, avec une boutique caviste attenante pour acheter de beaux flacons.
Las !
la cuisine s'avère d'une désolante banalité, cumulant tout les poncifs de l'époque (verrines, émulsions, je n'en peux plus et je suis sûr que je ne suis pas le seul) et une fâcheuse tendance à juxtaposer un maximum de saveurs dans une assiette pour faire exotique. Au final, c'est très plat, relativement prétentieux, facturé finalement plutôt cher.
Assez improbable, la salle où je déjeune est décorée d'une photo baveuse en noir et blanc d'un vague vignoble de l'hémisphère sud, qui s'étale sur toute la longueur d'un mur. Clientèle d'employés de bureaux du quartier qui semblent s'intéresser à leur assiette comme à leurs premières chaussettes.
On pourrait être indulgent et espérer une période de rodage, si la qualité des liquides nous réjouissait....très pauvre en vins italiens, allemands ou espagnols, la carte des vins fait la part belle au Nouveau-Monde et réunit de surprenantes trouvailles (Belgique, Pays-Bas, etc..). Pourqui pas. La très grande majorité des vins proviennent de domaines dont je n'ai jamais entendu parler, et je pense pourtant déguster régulièrement un quota élevé de vins étrangers. Ces gens du Tastemonde feraient-ils un incroyable travail de sélection pour apporter le meilleur aux parisiens ?
Prêt pour l'aventure et désireux de déguster un Riesling sec et minéral, je me laisse conseiller un verre de vin blanc belge dont le serveur m'assure qu'il me satisfera. A l'arrivée, j'ai dans mon verre une boisson sucrée, plate, pâteuse, qui finit très court et donne mal à la tête. Proprement imbuvable. Je persiste et tente un second verre, une syrah de l'Argentine, après m'être bien fait préciser par le sommelier que je n'aime ni l'alcool ni la lourdeur. La boisson qui m'est proposée réunit exactement ces deux caractères. Je suis atterré. L'air perpétuellement bonhomme et satisfait, Sylvain, l'heureux concepteur de ce désastre pour oenophiles qui promène sa mine réjouie en salle, me toise avec incrédulité lorsque je lui fais part de ma déception.
Le parti-pris affiché de proposer des références à très petits prix n'est tenable que si la qualité des vins est irréprochable. Or c'est tout l'inverse. Quel intérêt y a t'il à proposer des vins étrangers médiocres ? Cela ne pourra que renforcer le sentiment gaulois qu'on a le meilleur chez nous. Stratégiquement, c'est un désastre, car une fois l'effet de curiosité passé, et à moins de réorienter la gamme en mettant l'accent sur la qualité, on préferera à raison aller au bistro boire un bon beaujolais. Et le pire c'est que l'équipe du TasteMonde est convaincue qu'elle propose le meilleur parce qu'elle le sélectionne elle-même, en allant sur place...
Donc à fuir, on vous aura prévenu. Attention, il y a une seconde adresse à Issy les Moulineaux (92)

jeudi, mars 15, 2007

la vie dans les vignes



VOYAGE EN LANGUEDOC
15 jours de dégustations passionnantes.
Une émotion marquante, les heures passées avec Didier Barral dans ses incroyables vignes de Faugères (photo ci-contre).
La vie est partout, dans les sols (un bêchage révèle des lombrics d'une longueur insoupçonnée), dans la flore et les insectes (des spécimens jamais vus), le lieu respire, bruisse, vous touche.
Didier Barral cherche à recréer dans ses vignes un milieu naturel auto-suffisant, dans lequel plantes et animaux s'équilibrent et se complètent. Un troupeau d'une dizaine de vaches séjourne successivement dans toutes les parcelles de vignes, pour enrichir de leur engrais naturel une terre capable d'assimiler parfaitement cet apport et de vitaliser les vignes, comprises comme des éléments d'une nature en symbiose avec l'homme.
Nourrie de façon irrégulière, la vigne gagne en énergie. La concurrence avec l'herbe donne l'illusion savamment entretenue d'un état sauvage : ces vignes sont labourées, travaillées (la photo est prise fin février, avant la taille) et bichonnées avec un soin maniaque. la présence ou l'absence de certains insectes et végétaux sert d'indication des équilibres des sols et de la santé des vignes. Le bon sens, l'observation et la connaissance des espèces deviennent alors les meilleurs indicateurs au service de l'homme.
Je recommande à tout amoureux sincère du vin de s'intéresser de près à ce qu'accomplissent ces vignerons qui partagent une vision proche de celle de Didier Barral. Trop nombreux sont ceux qui s'arrêtent à leur discours idéaliste ou n'y voient qu'un projet utopique sans le rapporter à la réalité perceptible dans le verre : ces vins sont vivants, sains, sincères, individualistes, expressifs, profonds.
Le terroir est sublimé par l'âme du vin.
Un Faugères Jadis 2002 (millésime difficile s'il en est...) dégusté quelques jours après est bluffant de naturel et d'harmonie. Du grand art.