lundi, avril 23, 2007

Clos Saint-Jacques



Le Clos Saint-Jacques

à Gevrey-Chambertin

est un terroir qui occupe une place à part pour les mordus de la Bourgogne. La qualité des vins qu'il produit est pour beaucoup équivalente à celle d'un Grand Cru, pourtant il n'a été classé que Premier Cru lors de la classification officielle des années 30.

L'ancien propriétaire avant guerre, le comte de Moucheron, homme d'un autre temps réfractaire au moindre idéal républicain, aurait refusé de postuler pour ce classement prévu par un décret émanant d'une instance qu'il réfutait. Cette histoire fait désormais partie du folklore de la Bourgogne, et plus personne n'est là pour confirmer sa véracité...Ruiné, il a dû se résoudre à contre-coeur à la vente en 1954.

Aujourd'hui, 5 propriétaires se partagent ces 6,70 hectares, admirablement situés entre le vieux village de Gevrey et la forêt en sommet de coteau. Les parcelles occupent chacune la même inclinaison, sur toute la hauteur de la pente, ce qui permet aux heureux vignerons (Armand Rousseau, Bruno Clair, Louis Jadot, Sylvie Esmonin, famille Fourrier) de proposer chacun une expression également fidèle du terroir.

Tous confirment le très haut rang du vin qui en est issu, que l'on déguste ainsi dans la cave de Rousseau après d'autres Grands Crus (Charmes, Mazis, Ruchottes) juste avant le Clos de Bèze et le Chambertin.

Les vignes sont âgées. Celles qui figurent ci-dessus, prise en avril 2007, appartiennent au domaine Rousseau. Le Clos Saint-Jacques fait partie d'un patrimoine culturel exceptionnel, emblématique de la Bourgogne et empreint d'une certaine idée de la civilisation.

Le vin possède toujours une très grande séduction, faite de fruit velouté et ample, d'une rare délicatesse de tanins et de subtile persistance aromatique. S'il lui manque un peu de la fermeté des Chambertin, il se montre extrêmement consistant et régulier quel que soit le millésime, et 20 ans de garde ne l'effraient pas. L'expression du goût du lieu est déterminante dans l'appréciation de ce vin.

En déguster est toujours un moment privilégié, et on ressent en se promenant dans la vigne la singularité des lieux chargés d'âme, comme dans de vieilles demeures emplies de souvenirs.

Ayant eu la chance de participer récemment à une dégustation verticale de 15 millésimes, j'ai simplement voulu souligner dans ces lignes le plaisir esthète que l'on peut ressentir face à la force du caractère d'un grand vin, pour peu qu'on prenne la peine d'y prêter attention.