mercredi, décembre 26, 2007

les vins de l'année 2007

L'année s'achève, et je sacrifie à l'exercice rétrospectif d'un bref listing des meilleures bouteilles de l'année, parmi les quelques milliers de vins dégustés en 12 mois :

-meilleur vin rouge : Musigny 2005 domaine Mugnier
Dégusté avec un ami anglais au domaine, ce vin a l'évidence des plus grands et ma première réaction fût : "this wine is too big for my mouth". Je ne suis certainement pas le premier ni le dernier à m'extasier devant ce vin. Je souhaite juste pouvoir le faire aussi dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans, dans 40 ans, dans 50 ans et plus...

-meilleur vin blanc : Chevalier-Montrachet 2006 Domaine Leflaive (encore en cuves).
A ce niveau de perfection, on reste sans voix et on espère que les heureux possesseurs de ce vin sauront en mettre en cave et l'attendre au moins 10 ans...personnellement, j'en mettrai au moins une ou deux en cave pour mon fils, né en 2006....

-meilleur vin de Bordeaux : Pauillac Château Mouton-Rotschild 1996.
Une essence de Cabernet-Sauvignon, un chef d'oeuvre du Médoc. Parti pour 40 à 50 ans d'évolution.

-meilleur vin de Bourgogne : Chambertin Clos de Bèze 1995 Domaine Rousseau
Grand vin immature mais éclatant, irradiant l'énergie et la vigueur d'un des plus grand terroir du monde.

-meilleur vin de la vallée du Rhône : Hermitage blanc 2003 Jean-Louis Chave
Année atypique, vin parfois hors normes : oubliez le niveau d'alcool, oubliez l'acidité basse : ce vin monumental possède un potentiel extraordinaire. Les Chave eux-mêmes n'en reviennent pas.

-meilleur italien : Brunello di Montalcino Riserva Soldera Case Basse 2001
ou la transposition de la Romanée-St-Vivant ou des Amoureuses hors de Bourgogne. La finesse extrême du grand Sangiovese traditionnel, élévé 6 ans en vieux foudres. Vin unique, hors des modes, essentiel et intemporel.

-meilleur vin du Nouveau-Monde : Pinot Noir Giaconda Australie 2001
Une fraîcheur de fruit exceptionnelle, un naturel d'expression et un étonnante pureté de saveurs. Ce vin de la Nouvelle-Galles du Sud s'approche en qualité des grands de Bourgogne.

-meilleur vin liquoreux : Jurançon cuvée Marie-Katalin domaine de Souch 1996
le plus pur arôme de truffe et de sucre d'orge, un vin incroyable soutenu par une acidité électrique. Magique. C'était la dernière bouteille de Madame Hégoburu dans ce millésime, quel plaisir de la partager avec elle....

-meilleur champagne : Krug Clos du Mesnil 1981
Un enchantement des sens, une bouteille magique et introuvable. Commeun rêve, un instant où le temps se suspend.

-meilleur vin du Sud : Vin de pays des Côtes Catalanes blanc Le Soula 2006
La famille Gauby reste à la pointe du renouveau qualitatif du Roussillon. Merveilleux blanc de grand caractère.

-meilleur vin à petit prix : Saumur-Champigny 2005 Château du Hureau
9,00 € chez un caviste. Un rouge friand, désaltérant, complet, sans la moindre touche de bois, et avec la maturité de fruit des grands millésimes. Un régal absolu.

-meilleur(s) vieux millésime(s) : Entre un Barolo Rocche dei Manzoni 1961, un Pomerol Château l'Evangile 1955 et un Musigny 1937 de Mugnier, impossible de choisir car il faut s'incliner devant le génie des anciens magnifié par la patine du temps.

-plus belle découverte : les Barolo et Barbaresco de Luca Roagna, un jeune prodige du Piémont qui réussit des cuvées plus élégantes et parfumées que bien des Bourgogne. A découvrir d'urgence en 2008.

-plus grosse déception : Krug Brut Grande cuvée
Un vin devenu un produit, au marketing efficace, mais qui a perdu son âme. Quand on a eu comme moi la chance de déguster cette cuvée issue des années 60, 70 et 80 à différents stades de son évolution, on perçoit le formatage et la banalisation du goût de ce vin. L'augmentation des volumes est peut-être en cause....

Sur le lien ci-dessous :

http://www.oenotropie.com/fr/unArticle.php?articleID=5

vous trouverez un rapport complet sur une dégustation verticale du Gevrey-Chambertin 1er cru Clos Saint-Jacques du domaine Rousseau, évoqué dans un précedent post.

dimanche, décembre 02, 2007

Rencontres franco-piemontaises




Quand un aréopage de bourguignons et d'amoureux du Piémont se déplace en Italie pour rencontrer et disserter avec les producteurs locaux, cela donne des échanges fructueux et très conviviaux (ci-dessus, le journaliste Bernard Burtschy, Madame Laurence Mortet, du domaine Mortet à Gevrey-Chambertin, et au fond l'expert en vins Laurent Vialette).


Le restaurant La Ciau del Tornavento à Treiso, lieu de pélerinage indispensable et fer de lance d'une des plus formidables cuisines du monde, servait de cadre à ces rencontres bacchiques la semaine dernière.
Dans un atmosphère électrisée par la magique truffe blanche d'Alba (ci-dessus, l'extraordinaire préparation d'oeufs cocotte à la truffe blanche, servie dans son coffret à l'intérieur duquel le riz sublime les arômes), bourguignons et piémontais ont jeté les bases d'une association qui souhaite promouvoir les nombreuses affinités entre Bourgogne et Barolo/Barbaresco.
Mono-cépages (pinot noir, nebbiolo) tout deux très capricieux et exigeants, extrême complexité géologique, morcellement du parcellaire et facettes infinies de la personnalité des crus, petits domaines et attachement paysan des vignerons à leurs terres, distance équivalente des vignobles aux Alpes, qu'on aperçoit par temps clair, rareté des meilleures bouteilles, faibles intensités de couleur, ressemblances aromatiques des vins au vieillissement au point qu'après 15 ans les meilleurs dégustateurs peuvent s'y perdre....on peut ainsi multiplier les points communs entre les vins de ces deux régions majeures, qui produisent aujourd'hui certains des vins les plus excitants de la planète.
Si pour nombre de grands vignerons piémontais la Bourgogne demeure une référence insurmontable qui a influencé leur travail, peu de bourguignons ont encore pris conscience de cette parenté troublante et de l'incroyable qualité des meilleurs vins de Barolo et Barbaresco, qu'ils ne dégustent malheureusement presque jamais ni ne visitent.


Sous l'égide de quelques grands amoureux des vins du Piémont (François Mauss, du Grand Jury Européen, Bernard Burtschy, journaliste émérite, et quelques grands amateurs), des vignerons français (dont Madame Yvonne Hégoburu, merveilleuse vigneronne du domaine de Souch, à Jurançon, qui voulait découvrir les étincelles Barolo/truffe blanche...) ont partagé leurs vins avec ceux des grands Luciano Sandrone, Bruno Rocca ou Armando Parusso, figures majeures du Piémont.
Entre autres grands flacons enthousiasmants bus au cours du dîner, côté bourguignon :
Magnum de Clos de la Roche 1999 du domaine Ponsot, Magnum de Gevrey-Chambertin 1er cru Lavaux Saint-Jacques 1998 du domaine Denis Mortet, Chambolle-Musigny 1990 du domaine Roumier, Gevrey-Chambertin 1er cru Cazetiers 1937 du domaine Leroy.
Côté Piémont : Magnum de Barolo le Vigne 1999 de Sandrone, Barbaresco Rabaja 2000 de Bruno Rocca, Barolo Riserva deBorgogno 1990, Barolo Rocche dei Manzoni 1961.
Il faut encourager plus de Bourguignons à s'intéresser aux formidables vins piémontais. Echanger, s'enrichir mutuellement, voire affiner la compréhension de la diversité des expressions de sa propre région en se mesurant amicalement à son double transalpin....gageons qu'il ne s'agissait ce soir-là, à la Ciau del Tornavento à Treiso, que du début d'une longue série de rencontres passionnantes.